LECTURES VAGABONDES

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Didier Van Cauwelaert : Rencontre sous X : le degré « X tendant vers zéro » de la rencontre


C’est le premier roman de Didier Van Cauwelaert que je lis… quelle déception ! Je dirais même : quel anéantissement ! J’attendais d’un écrivain qui a reçu le Goncourt en 1994 pour Un aller-simple autre chose que cette pauvre petite bluette qui pour se faire vendre utilise une trame de fond facile, racoleuse et grand public : celle du croisement entre le monde de la pornographie et celui du football professionnel. La dite bluette porte cependant un titre assez trash et accrocheur : Rencontre sous X, paru en 2002. 

Ce livre est complètement indigne de la mention « littérature » sous laquelle on le classe pourtant. Il m’est arrivé de lire de nombreux romans de gare bien plus intéressants et bien mieux écrits que cette daube à quatre sous. Voilà pourquoi, je l’envoie illico presto dans la catégorie « poubelle », même si je suis bien consciente de la sévérité de ce classement.

Quant à Didier Van Cauwelaert, si ce n’est son joli minois qui figure en 4ème de couverture de l’édition Albin Michel…le reste me paraît bien à revoir !

L’histoire est toute simple : le narrateur, Roy, jeune footballeur sud-africain (blanc de peau) vient d’être transféré moyennant un beau pactole dans un club français. Cependant, bien vite, il n’est plus que remplaçant, voire plus rien du tout à cause d’un incident raciste survenu dans les tribunes, lors d’un match. Voici en gros l’affaire.

-       C’est pas des relations : c’est un coup monté ! Pour les fachos un blanc d’Afrique du sud c’est un mec de l’Apartheid : l’idée du club, c’était de provoquer un incident pour faire intervenir la cellule antikop !

-       La quoi ?

-       Mais vous connaissez le foot ou pas, merde ? Le kop c’est le public pas cher qu’on entasse dans les virages, derrière les buts : grâce à moi les flics de l’antikop ont filmé les nazis en flagrant délit ; ils les ont arrêtés pour haine raciale, et comme c’était prévu d’avance ils avaient amené un procureur qui les a interdits de stade à perpétuité, voilà ! Grâce à moi ! Sauf que moi je suis assimilé, maintenant, alors j’ai plus le droit de jouer, le club m’empêche de porter son maillot pour montrer qu’il est antiraciste, et personne en a rien à foutre de moi, puisque je vais être revendu dès que j’aurai fait remonter ma cote en marquant pour mon pays dans la Coupe d’Afrique, comme ça au retour le club encaissera la plus-value de mes buts en me refilant au plus offrant, voilà !

 

Ainsi, notre narrateur est-il plus ou moins sans le sou : on l’appelle par ci par là pour des offres qui souvent tournent court. C’est alors qu’un de ses amis, acteur de film X l’entraîne sur un tournage : il y rencontre Talia, belle actrice ukrainienne avec laquelle il a l’occasion de coucher illico presto, en remplacement de son partenaire du moment, victime d’une panne. Et hop ! sans état d’âme, sans pudeur, sans hésitation, notre narrateur baisse culotte, se livre à une séance maquillage un peu spéciale et le voilà parti pour sa première pige dans le X.

 

-       Donc on reprend quand Bruno et Sammy sont en train de bourrer Svetlana, et puis la porte s’ouvre et c’est toi qui entres, Isis. Tu apportes un Chronopost. D’abord tu es choquée de voir tes collègues tringler pendant le service, et puis ça t’excite, tu te déloques en te caressant et tu vas grimper sur l’échelle d’Aurélien l’électricien pour te faire lécher par Roy en train de s’envoyer Talia en levrette. Et puis ça donne des idées à Svetlana qui vient prendre ta place sous la langue de Roy, pendant que toi tu vas choper Bruno par la queue pour qu’il encule Talia ; du coup Roy va faire un double avec Aurélien dans Mélody à cheval sur Sammy, tout en bouffant Svetlana pendant qu’elle se gouine Talia qui s’empale sur ton gode. C’est clair pour tout le monde ? Moteur !

Il me semble que j’ai à peu près fait le tour des passages intéressants du livre. Ah non ! J’oubliais celui-là : un peu technique mais on y apprend des trucs et astuces :

Il m’explique le secret des hardeurs : le muscle pubo-coccygien.

-       C’est lui, en fait, le servofrein qui retient la purée. Dès que tu es au bord de juter, t’as qu’à le contracter pour bloquer l’éjac’ : le sang se comprime et ta queue reste dure tandis que le sperme redescend. C’est la technique du yoyo, quoi. Bien entraîné, tu peux le faire monter et descendre pendant six heures sans fatigue, avec en prime, chaque fois, un mini-orgasme à sec au moment où tu renvoies l’ascenseur. Autre avantage, quand tu finis par décharger, tu as habitué l’urètre à l’arrivée du foutre. Comme ça il fatigue moins sous le jet : ça te permet de remettre le couvert beaucoup plus vite. Regarde.

Et il me montre le mouvement pour apprendre à contracter le muscle en question.

J’ai pas tout bien compris, mais comme ça ne me concerne pas vraiment, je laisse l’info pour les hommes qui visitent ce blog : il y a peut-être là un bon tuyau !

Bref, ce livre a surtout l’ambition de croquer le milieu de la pornographie dans ce qu’il a de professionnel, de technique, mais aussi de sordide et d’éreintant…. Et de le mettre en parallèle avec celui du football professionnel, avec lequel il entretient de nombreux points communs : l’un comme l’autre fourmille de marchands d’esclaves qui transforment les êtres humains en produits dérivés.

Et les personnages, là-dedans ? Je dirais qu’ils sont plus ou moins insignifiants : ils apparaissent plutôt comme un prétexte… eh oui ! il faut bien raconter quelque chose ! Donc, Talia et Roy tombent amoureux : vont boire des cafés dans des bistrots entre deux tournages, se font des guili-guili dans le cou en mangeant des Quality Street le temps d’une partie de trivial pursuit… au fait « chez toi ou chez moi ? »

Le tout est écrit de manière insipide, dans le style « roman-photo italien conçu pour Télé-Poche dans les années 70 ». Josiane Balasko a trouvé son alter-ego littéraire. Comme pour elle, j’ouvre une page au hasard :

-       On arrête de criser, OK ? dit-elle en stoppant devant moi au milieu du hall, les cheveux essorés dans un chignon qui goutte et une robe en daim noir collée à la peau. Tu m’as énervée l’autre jour à l’hôpital, je t’ai dérangé hier soir, on est quittes et on oublie. Bonjour ?

-       Bonjour.

Elle noue ses bras autour de mon cou. Elle sent le chlore et le sauna.

Bien sûr, nos héros sont jeunes, beaux et ont des rêves : sortir de ce monde glauque qui les emprisonne. De cette aspiration au bonheur et à sa réalisation, l’auteur parle peu, mais les dernières pages du roman y sont consacrées, d’un seul coup, on ne sait pourquoi… sans doute parce qu’il fallait bien finir. Au moment de signer un fabuleux contrat, le narrateur fait la nique au président du club et décide de retourner jouer en Afrique du Sud…. La belle Talia le suivra-t-elle ? Quelle magnifique fin en ouverture ! Le lecteur a de quoi rêver et prolonger sa lecture pour au moins 10 secondes !

Décidément, il faudra revoir la côte de Van Cauwelaert à la baisse… ou alors ai-je fait une mauvaise pioche ? Je pense bien qu’un jour, je lirai son prix Goncourt, mais en attendant, laissez-moi le temps de digérer cette Harlequinade classée X double zéro !!


 



14/05/2009
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