LECTURES VAGABONDES

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Helen Fielding : Le journal de Bridget Jones-l'âge de raison / un journal parfois irraisonné

Voici deux livres qui m'ont accompagnée quelques temps, cet été, tandis que je traversais la Méditerranée, direction la Corse.

 

Je parlerai tout d'abord du Journal de Bridget Jones : amusant, facile à lire, même au milieu du brouhaha des passagers et des ronflements du bateau. Le livre, comme son nom l'indique, se présente comme un journal intime : à chaque lever de rideau, on a droit, en italique, à l'indication du poids journalier de l'héroïne, des unités d'alcool consommées, du nombre de cigarettes fumées, et des calories ingurgitées, le tout assorti parfois de quelques commentaires. Un exemple pas trop long :

 

Lundi 6 février : 56.8kg (ai fondu de l'intérieur. Mystère), unité d'alcool : 1 (tb), cigarettes 9 (tb), calories 1800 (b).

 

L'écriture est assez relâchée jusqu'à atteindre, souvent, le style sténographique : (Minuit ! Beuh ! Les horreurs de la guerre… moral à zéro…. Visage en déroute). C'est la langue d'une fille moderne, qui raconte en gros : ses bourdes au bureau, ses parties entre copines célibattantes, ses diverses incuries en matière de tâches ménagères… le tout émaillé de quelques aventures masculines : dans Le journal de Bridget Jones, c'est  Daniel Cleave, le patron aux grands yeux bleus interprété par le séduisant Hugh Grant, que notre conquérante essaiera de capturer au lasso, mais le zouave a une propension à la diversité en matière de conquêtes féminines : ce qui ne sied pas trop à notre héroïne qui finira donc dans les bras de Mark Darcy, le sage et terne avocat dont elle ne voulait pourtant pas entendre parler au départ.

 

Autour d'elle gravitent : une mère égoïste, des amis plus ou moins en couple, parmi lesquels, l'incontournable homosexuel de service.

 

On sent bien qu'Helen Fielding cherche à brosser le portrait d'une génération de femmes libérées (ou pseudo libérées), qui travaillent, sont indépendantes… mais qui  finalement sont la proie d'une certaine frustration affective et d'une névrose sous-jacente : revers de la médaille.

 

Plonger le nez dans ce journal est tout d'abord agréable : l'auteur a un certain sens de l'humour et sait rendre attachant son personnage de célibattante. Cependant, la lassitude vient assez vite… Finalement, la vie tourmentée de notre héroïne pseudo-libérée est assez routinière : elle tourne en rond entre les régimes vite abandonnés, les turpitudes répétitives de la vie de bureau, les résolutions jamais tenues.

 

Par ailleurs, les procédés d'écriture sont assez peu nombreux et on se lasse également de cette voix monocorde de Bridget Jones, toujours la même, quelques soient les circonstances. Quant à la satire des célibattantes… j'ai plutôt envie de parler de caricature : l'ensemble est peu fouillé, sans grande finesse psychologique : en gros… on est indépendante, on sort, on fume, on boit, on dénigre le mariage… mais on rêve du prince charmant et on désespère de le trouver. J'étais donc plutôt contente lorsque la dernière page a pointé le bout du nez, même si j'ai pu prendre plaisir à lire ce journal, au début, puis ça et là… il y a bien quelques passages amusants.

 

Cependant, il y a une suite…. L'âge de raison. Toujours la forme du journal, toujours le même ton… la problématique posée ici n'est plus « comment trouver l'homme de sa vie quand on a 30 ans », mais « comment le garder quand on l'a trouvé ». A cette question, Helen Fielding ne répond pas : à croire que quand on a trouvé chaussure à son pied, il n'y a plus rien à raconter d'une vie de couple. Elle lance donc son héroïne dans une suite d'aventures sans intérêt (par exemple, à l'occasion d'un voyage en Thaïlande, Bridget se retrouve dans une prison, injustement accusée d'avoir caché de la cocaïne dans sa chambre d'hôtel (scénario à la « Midnight express » (sans intérêt, et complètement déconnecté du reste !), mais heureusement, le beau et fort Mark Darcy la tire toujours de toutes ses embrouilles !)

 

Ainsi, Le journal de Bridget Jones vaut-il  sans doute un petit détour… quelques pages lues entre deux stations de métro… mais L'âge de raison, décidément, ne vaut rien ! Remboursé !

 



24/01/2009
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