LECTURES VAGABONDES

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Henri Troyat : Le troisième bonheur / lecture pour une classe de troisième.


Allons donc ! Je ne vais pas me la jouer snob en boudant totalement ce roman d’Henri Troyat : le troisième bonheur, paru en 1987 aux éditions Flammarion. C’est, par ailleurs, le dernier tome d’une grande saga intitulée Viou. Mais comme toujours chez Troyat, on peut lire les romans issus des cycles romanesques de manière indépendante.

Sylvie a 20 ans : elle vient d’hériter de sa grand-mère, ce qui lui permet de prendre son indépendance. Avec l’aide de sa mère, Jilou, et de son beau-père, Xavier, elle achète un joli petit appartement dans le centre de Paris. Cependant, la vie de la jeune fille bascule le jour où elle apprend que sa mère quitte Xavier, qu’elle considère comme son père, pour un autre homme : Philippe Marconat. Elle prend parti pour son beau-père qu’elle soutient comme elle peut et refuse désormais de voir sa mère…. Elle n’accepte pas que cette dernière vive un troisième bonheur – entendons, un troisième grand amour - et qu’elle sacrifie le passé familial pour ce dernier.

D’abord, il faut bien que j’avoue : lorsque j’étais adolescente, j’adorais les romans d’Henri Troyat : j’ai dévoré littéralement des cycles romanesques tels que : les semailles et les moissons, tant que la terre durera… Fichtre ! Que de souvenirs ! Aujourd’hui, j’ai 42 ans, il faut bien avouer que je finis par trouver l’œuvre d’Henri Troyat bien naïve. C’est cependant avec un certain plaisir que j’ai renoué avec la niaiserie de mes lectures juvéniles… je sais pourtant bien que je vais avoir du mal à trouver des qualités à ce roman : le troisième bonheur. Je n’essaierai donc pas.

Entendons-nous bien : dans le troisième bonheur, Henri Troyat a la prétention d’aborder la grande question de l’amour aux environs de 40 ans. En d’autres termes : ce qu’on appelle le démon de midi. Sujet bien intéressant lorsqu’on a soi-même 42 ans ! Cependant, n’attendre de cette lecture rien de bien révélateur ni de très profond. Les chapitres se succèdent et font état du quotidien sans intérêt de Sylvie, 20 ans, qui peine à s’engager avec son amant : Olivier. Ensemble, ils repeignent l’appartement parisien de Sylvie, dissertent longuement sur l’association du rouge et du vert… Puis Sylvie trouve du travail : une charmante vieille dame lui propose de s’associer avec elle pour régler des affaires immobilières. Puis Sylvie recueille une petite chienne - qu’elle appellera Clémence – perdue dans les rues de Paris. Bref, les scènes « cul-cul la praline » se suivent et se poursuivent si bien que le fameux troisième bonheur (celui de Jilou) et ses conséquences sur Xavier, le mari délaissé passent au second plan. Ainsi, si le premier plan n’a pas beaucoup plus d’intérêt qu’un épisode d’Hélène et les garçons, voyons si le second plan peut sauver les choses.

D’abord, il y a Xavier, que le départ de Jilou plonge dans le désespoir. Sylvie l’invite au restaurant : là, ils discutent…. surtout menus et vins. Véritablement passionnant ! Puis Sylvie va dormir chez lui : elle le trouve plongé dans son travail, seul échappatoire à sa détresse. Donc, elle s'endort sans lui avoir parlé. Le tout se termine par un suicide : celui de Xavier, bien sûr. Alors là, je dirais qu’on est plutôt dans le style les feux de l’amour et ses tourments : divorces, adultères, enfants déroutés…. etc.

Le pire de tout ? La quatrième de couverture promet qu’à travers cette expérience, la jeune Sylvie découvrira ce qu’est « être femme ». Allons donc : après le suicide de Xavier, il reste deux pages très vite torchées au cours desquelles on apprend que Jilou, assaillie de culpabilité, quitte Philippe, mais qu’un an plus tard, elle décide de l’épouser. Quant à Sylvie, elle se marie finalement avec Olivier et deux ans plus tard, met au monde un fils qu’elle prénomme Xavier. Donc, c’est quoi « être femme » ? Je ne sais pas : peut-être, tout simplement se marier et avoir des enfants. Vu la nature du roman, je crois qu’il ne faut pas chercher plus loin la réponse.

Et le bonheur, dans tout ça ? Celui de Jilou n’est guère évoqué, celui de Sylvie paraît bien fadasse, puisqu’elle-même trouve Olivier maladroit, rêveur… Elle refuse tout d’abord de l’épouser. D’ailleurs, Troyat offre un portrait bien terne du jeune homme. Il est gentil et tendre ! Bref… C’est sans doute ce qu’attend toute femme d’un homme. Ah ! Ce qu’on est bien avec un gentil et tendre toutou à la maison ! Cependant, puisqu’elle finit par l’épouser, on imagine qu’elle est heureuse.

Alors, comment conclure ? Ce livre passe totalement à côté de son sujet. Son intérêt est gravement limité. Cependant, à petite dose, ça peut encore marcher. Enfin, je pense quand même que le plaisir que j’ai pris à le lire est lié à la nostalgie de mes lectures adolescentes : le temps où l’on s’enfilait des tonnes de sagas style les oiseaux se cachent pour mourir !

D’ailleurs, je crois bien que lire du Troyat, c’est à peu près aussi ringard que lire du Colleen McCullough. Allez ! Un de ces jours, je vais balancer sur ce blog du Sulitzer : le top du hype eighties !



22/10/2010
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