LECTURES VAGABONDES

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Richard Montanari : Funérailles/Amen

          C’est le second roman de Montanari que je lis et décidément, James Ellroy a bien raison de recommander -  chaudement et en gros sur la couverture - ce maître du thriller. Voici donc, pour notre plus grand plaisir une nouvelle enquête des inspecteurs Byrne et Balzano, enquête intitulée Funérailles. Le roman a paru en France en 2008 aux éditions du Cherche Midi.

 

         Nous sommes toujours à Philadelphie aux alentours de Noël. Une femme est retrouvée morte derrière un entrepôt désaffecté sur les bords de la rivière Schuykill. Aussitôt, l’affaire est confiée aux inspecteurs Jason Byrne et Jessica Balzano et à leur équipe. La victime est Kristina Jakos et l’enquête commence par une inspection de sa vie : d’origine slave, elle faisait partie de la communauté orthodoxe et voulait devenir danseuse. Difficile de trouver un point commun avec la seconde victime, puis avec la troisième : cependant, toutes sont vêtues de robes anciennes et sur leur cadavre, on retrouve une lune peinte avec du sang et du sperme. Cependant, Walter Brigham, un collègue de nos deux inspecteurs, est assassiné alors qu’il vient de prendre sa retraite. L’homme ne s’est jamais remis de l’échec d’une affaire qu’il n’a su élucider : la mort de deux petites filles, violées et assassinées dans les bois. On confie l’affaire à Jessica et c’est alors que les deux enquêtes vont se rejoindre ; en effet, Roland Hannah et son frère, deux pasteurs justiciers, assassinent les violeurs d’enfants impunis. Une de leurs ouailles, Sean, les emmène dans un lieu bien inquiétant : un  parc d’attraction désaffecté qui reconstitue des scènes des contes d’Andersen. C’est là que l’enquête se dénouera… mais chut !

 

          Avec Funérailles, Richard Montanari signe encore une fois un bon thriller qu’on a du mal à quitter. Peut-être encore plus que dans Psycho, l’ambiance y est très noire. D’abord parce que l’intrigue se déroule l’hiver et que l’hiver, à Philadelphie, est triste et froid. Les scènes de crimes se situent toutes sur les bords d’une rivière bordée de bois noirs et d’entrepôts désaffectés. Brr !  Les crimes se multiplient, tous plus glauques les uns que les autres. Certes, il y a les femmes retrouvées sur les bords de la Schuykill, mais on évoque aussi les meurtres pédophiles que Roland Hannah venge en assassinant de manière horrible les coupables non jugés : l’un d’entre eux est enterré vivant ! N’oublions pas que tout débute par une affaire qui ternit la réputation de Jason Byrne : une prise d’otage qui tourne mal dans un bistrot ; pour son malheur, Byrne s’y trouvait et on lui reproche une attitude trop molle vis-à-vis de l’assassin. La scène se termine par un bain de sang et Byrne se verra poursuivi et incriminé - alors qu’il mène l’enquête - par un mari devenu veuf à la suite de la prise d’otage. Bref, la ville de l’amour fraternel, Philadelphie, porte bien mal son nom. La violence la plus sombre se trouve au coin de chaque rue.

          On apprécie aussi le fait que les inspecteurs ne soient pas seulement évoqués dans leur travail, leur enquête. Ils sont des hommes et des femmes qui ont une vie privée, des joies et des angoisses. Jessica Balzano est une mère qui vit très mal le fait que sa fille grandisse. Comme tout le monde, elle prépare Noël. Byrne a, lui aussi, une fille qu’il adore.

        Mais parlons un peu du nerf de la guerre lorsqu’on s’attaque à un thriller : le suspense. Comme dans Psycho, Funérailles est bâti selon une alternance de chapitres assez courts qui évoquent différents personnages. Tantôt, on suit Roland Hannah et son frère dans leurs macabres occupations, tantôt dans leurs religieuses missions, tantôt on suit Byrne, Balzano, ou encore une femme qui sera la future victime… d’autres encore. Une multitude de personnages vaquent à leurs occupations dans Funérailles et souvent, à la fin du chapitre, on reste sur une question, un mystère, une découverte qui s’amorce … et il faudra quelques pages pour avoir la réponse. N’oublions pas que certains chapitres écrits en italique évoquent ce qui se passe dans la tête du meurtrier : ici, on a affaire à un fou qui se prend pour la Lune et qui évolue dans l’univers merveilleux et macabre des contes d’Andersen qui inspirent ses crimes.

          Je viens à peine de refermer Funérailles et déjà, je songe au prochain Montanari qui m’attend : à paraître bientôt sur ce blog, donc, un article sur Déviances.



04/12/2016
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