LECTURES VAGABONDES

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Sempé-Goscinny : le petit Nicolas / maousse costaud !


En cette période de dèche absolue niveau lecture (la bibliothèque de Villeneuve d’Ascq est en travaux / fermeture totale jusqu’au mois d’Avril), je glane tout et n’importe quoi à droite et à gauche, chez des copains, des copines… Voilà-t-y pas que j’ai déniché une vieillerie des années 60, dans un fond de placard : Le petit Nicolas, écrit par René Goscinny en 1960 et illustré par Sempé, publié aux éditions Denoël. Le film de Laurent Tirard, que je n’ai pas vu, mais dont j’ai ouï dire du mal, aura quand même eu comme effet positif de remettre au goût du jour les histoires du petit Nicolas… que tout le monde semble connaître, sauf moi. Voilà aussi pourquoi je me suis lancée dans ce bouquin qui à priori n’avait pas grand-chose d’affriolant à mes yeux … Je l’ai ouvert avec à peu près autant d’enthousiasme que s’il avait fallu me replonger dans la série des Oui-Oui à 40 ans passés. Et puis, très vite, je me suis laissée prendre par ces petites histoires qui sont autant de tranches d’enfance. Pourtant, je ne suis pas convaincue que ce livre s’adresse totalement aux enfants… Il peut tout à fait être lu avec beaucoup de plaisir par les adultes.

Difficile de proposer un résumé du Petit Nicolas : 19 histoires courtes qui évoquent des malheurs scolaires, familiaux, des bêtises d’enfant de 6-7 ans. Le petit Nicolas est le héros de toutes ces supers-aventures enfantines, mais il n’est pas seul… Il est toujours accompagné d’un ou de plusieurs copains : Alceste, celui qui mange tout le temps, est très présent, mais il y a aussi Agnan, le premier de la classe sur lequel on ne peut pas taper parce qu’il porte des lunettes, ou encore Eudes, qui est très fort et met des pains à tout le monde. Toute cette petite troupe est très turbulente et fait plein de bêtises : je dois avouer qu’au début, cette succession d’histoires où de petits chenapans finissent toujours par se bagarrer… ça m’a saoulée. Et puis, j’ai fini par trouver ça rigolo : on se laisse prendre par une sorte de comique de répétition : la bagarre, c’est la marque de fabrique de Nicolas et de ses copains… Parce qu’ils sont nombreux et obéissent aux codes de leur propre monde, ils font souvent la loi face aux adultes, souvent totalement dépassés par les événements… Les gosses font tourner les adultes en bourrique. Et puis, il y a les dessins de Sempé, très amusants : les gamins ressemblent à de petits poulets tête en l’air, tous figés dans la même attitude, en rang d’oignons. Face à eux, 2 ou 3 adultes, démesurés, raides comme des piquets… Deux univers bien différents s’observent, cherchent à se comprendre… Tout ça en quelques traits de crayons très expressifs et très dynamiques.

S’ils sont turbulents et malicieux, Nicolas et ses copains sont aussi naïfs dans certaines histoires. Je songe à « je fume » ou encore « on a bien rigolé » : Nicolas et Alceste font l’école buissonnière… Quel pied ! Pendant que les autres font des exercices de calcul… ils s’ennuient… ils ne savent pas quoi faire, dans la ville. La glandouille. Ah ! Finalement, l’école, surtout à l’heure de la récré, c’est ce qu’il y a de mieux ! Au détour de chaque bêtise, il y a une leçon pour Nicolas et ses copains : mais point d’apitoiement sur les malheurs et les blessures de l’enfance… Ce sont de petits bobos très vite soignés. L’enfance, c’est surtout du bonheur, de l’insouciance, des bêtises, des jeux fantastiques… C’est ce qui émane, globalement, de ces 19 histoires.   

J’ai beaucoup aimé le langage utilisé par Goscinny : celui-ci cherche à traduire la simplicité, la fraicheur et la naïveté du langage des enfants : les phrases sont simples, et souvent coordonnées : utilisation maximale de la conjonction « et »… qu’on retrouve dans certaines copies d’élèves de 16 ans qui ne savent pas mettre un point et recommencer une phrase quand ils ont encore quelque chose à dire… et alors… et…. et puis….

Il est vrai que l’univers du petit Nicolas est plutôt masculin : beaucoup de bagarres, des jeux du type : les cow-boys, le football. Mais en tant que fille, j’ai retrouvé de petits souvenirs d’enfance : l’école buissonnière ? Je ne l’ai jamais faite… par contre, le catéchisme buissonnier, oui. C’était à peu près aussi réussi que pour Nicolas et ses acolytes. J’ai aussi joué à Jane et Tarzan avec mon cousin : j’étais meilleure pour grimper dans le prunier. Tout ça, c’était très rigolo.

En tout cas, même si j’ai grandi dans les années 70, même si on est en 2011, je n’ai pas eu l’impression de lire un livre daté. Le petit Nicolas sait traduire une sorte de vécu universel de l’enfance : voilà pourquoi, les adultes peuvent lire ces histoires avec plaisir… Le plaisir de retomber en enfance le temps d’un livre. D’ailleurs, je ne sais pas si ce livre s’adresse vraiment aux enfants : à 10 ans, je voulais lire des histoires merveilleuses du style Oui-Oui et la gomme magique, ou les aventures du club des cinq. Pas des histoires réalistes d’enfants à l’école avec des parents ou des maîtresses casse-pieds. Pour simplifier, je vais dire que c’est pour tout public.

Il est vrai que je ne vais pas me précipiter sur les autres tomes comme une furie : ce genre de livre n’est pas spécialement ma tasse de thé… à plus de 40 balais, il me faut du sex and drugs ! Mais si l’occasion se présente, j’en lirai d’autres….



06/03/2011
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