LECTURES VAGABONDES

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Sophie Avon : La bibliothécaire / Attention, bibliothécaire méchante.


Que penseriez-vous d’une bibliothécaire qui se transformerait en loup-garou ? Ça vous fait rire ? Du Grand-Guignol avez-vous envie de dire ? Nous allons voir s’il faut être cruel ou non avec ce roman de Sophie Avon, La bibliothécaire, paru en 2006 aux éditions Arléa.

Marianne Chevigny est bibliothécaire dans une université. Elle côtoie des professeurs bien peu sympathiques : le vieux Jacques Moyeux qui fume le cigare lors même que c’est formellement interdit ou encore le très suffisant David Martial, accroché à son téléphone portable, chose également interdite dans ce lieu. Marianne décide donc de confisquer discrètement l’objet, pour faire des pieds au quidam qui entre dans une furie noire et décide de se venger. S’ensuivent donc des remarques désobligeantes, agressives…et une enquête sur les articles écrits par la bibliothécaire du temps où elle était journaliste. Et puis, un jour, David Martial découvre que Marianne a peur des chiens et décide d’en jouer. Cependant, la jeune femme l’obsède. Un jour, après une soirée, ils couchent ensemble… Liaison plus ou moins suivie et étrange, presque animale, faite de mordillements et de léchouilles. Cependant, le directeur, Alba, devient gênant. Il sera retrouvé à moitié dévoré… Martial se rend alors chez Marianne pour lui dire adieu car cette violence qu’ils partagent ne lui convient pas, lui fait peur… Comment Marianne réagira-telle ? Acceptera-t-elle de laisser la vie au loup-garou qui partage son secret ?

Le roman comporte de nombreux défauts, mais se lit sans peine et finalement, on a bien envie de rire de cette transformation un peu grotesque d’une bibliothécaire en loup-garou… Disons que c’est surprenant.

Tout d’abord, le roman peine à se mettre en place : l’intrigue, au départ est molle. Cependant, après lecture, on comprend que Sophie Avon souhaite mettre en place une ambiance : celle d’une université froide et étriquée, un monde terne et peu passionnant. Côté personnage, c’est Marianne qui occupe notre auteure : étrangeté de son appartement où aucune chaise n’est présente, où tout est terriblement minimaliste. S’ensuivent des scènes où la jeune femme semble avoir un comportement étrange : un soir, elle renifle les poubelles, enivrée par l’odeur de charogne. Cependant, la jeune femme n’a rien d’inquiétant, jamais… et c’est bien ce qu’on pourrait reprocher à Sophie Avon : sa bibliothécaire est terne comme un jour sans soleil. Même remarque pour tous les autres personnages, particulièrement, l’autre loup-garou : David Martial. On sent un peu trop que l’écrivaine a voulu créer de l’étrange au sein même de la normalité afin de générer le final fantastique du roman, mais la sauce a vraiment beaucoup de mal à prendre.

Pourtant, malgré tous ces reproches, on doit dire qu’on prend un certain plaisir à lire ce roman qui est loin d’être un chef d’œuvre. D’abord, parce qu’à la première lecture, on se laisse vraiment surprendre par le final en forme de loup-garou – un peu Grand-Guignol, je vous l’accorde – qui avait été plus ou moins adroitement suggéré par des éléments étranges (mais pas inquiétants). 

Ensuite, avant le final, il y a l’intrigue du harcèlement moral de David Martial à l’égard de Marianne. Ce fil-là fait diversion, il manque également de tripes (on s’attendait à un peu plus de cruauté de la part de ce professeur très vaniteux), mais est quand même construit selon un crescendo qui suffit à tenir le lecteur en haleine.

Bref, il est vraiment dommage que l’aspect inquiétant du climat et des personnages n’aient pas été suffisamment travaillés : en fait de loups garous, on a plutôt l’impression d’avoir affaire à de vilains matous en rut. Ceci dit, ce roman plutôt court se lit facilement et sans ennui, ce qui est déjà beaucoup ! Grr… miaou !



11/05/2013
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