LECTURES VAGABONDES

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Stephen King : Carrie/Au bal du diable

   

             Ah ! Ce fameux Stephen King ! C’est qu’il en écrit, des livres qui servent de support à des films d’épouvante ! Carrie fait partie sans doute des best-sellers du maître de l’horreur. Brian de Palma a adapté ce roman dans un film intitulé Carrie au bal du diable en 1977. Le roman, quant à lui, parait en 1976 aux éditions Gallimard.

 

          Nous sommes à Chamberlain, dans le Maine. Au collège où elle poursuit ses études, Carrie n’est pas heureuse. En effet, elle est plus ou moins harcelée. Un jour, dans les douches après le cours de sport, Carrie a ses règles pour la première fois, ce qui déclenche l’hilarité de ses camarades. Il faut dire que la jeune fille ne comprend pas très bien ce qui lui arrive. Celle qui mène le chahut contre Carrie, c’est Christine Hargensen. Cependant, Carrie a un environnement familial spécial. Sa mère, Margareth White, est une évangéliste convaincue qui refuse tout ce qui touche aux fonctions corporelles.  Lorsque sa fille revient de l’école, désormais pubère, elle reçoit une paire de gifles. Il n’est pas rare qu’elle soit enfermée dans un placard ou qu’elle soit forcée au jeûne. L’arrivée de ses premières menstruations déclenche chez Carrie un phénomène surnaturel : la jeune fille est dotée du pouvoir de télékinésie. Et ce pouvoir, elle le découvre. Il n’est néanmoins pas nouveau : lorsqu’elle était petite, elle avait déjà déclenché une avalanche de pierres. Mais depuis, plus rien. A l’école, cependant, il y a une fille qui éprouve de la compassion pour Carrie ; elle s’appelle Susan Snell. Cette dernière demande à son petit ami, Tommy, d’être le cavalier de Carrie à l’occasion du Grand Bal de Printemps du collège. Son but, c’est d’adoucir les tourments de Carrie. Tommy accepte. Mais c’est sans compter sur la méchanceté de Christine Hargensen et celle de son petit ami, Billy Nolan. Avec quelques camarades, ce dernier se rend clandestinement dans une ferme et égorge deux cochons dont ils récupèrent le sang destiné à arroser Carrie lorsqu’elle se présentera au bal. Et c’est bien ainsi que les choses se passent : la jeune fille et Tommy sont élus Roi et Reine du bal et c’est lorsqu’ils montent sur l’estrade pour être couronnés que Billy Nolan verse le sang de cochon sur leur tête, depuis une poutre située en hauteur. Aussitôt Carrie voit rouge et la salle de bal se met à trembler. Le pauvre Tommy est l’un des tout premiers à mourir. Il reçoit le seau qui contenait le sang de cochon sur la tête. Mais la colère de Carrie ne se limite pas au seul établissement scolaire. C’est toute la ville de Chamberlain qui est la proie du feu, des explosions et de la destruction. Bien évidemment, Christine Hargensen et Billy Nolan n’échapperont pas à la mort. Carrie elle-même sera tuée devant Susan Snell, impuissante. Mais auparavant, elle se sera rendue chez elle pour assassiner sa propre mère.

 

          Carrie White, c’est une adolescente mal dans sa peau, et Stephen King nous livre un portrait sensible et émouvant de cette jeune fille solitaire et mal-aimée – et cette aversion qu’elle suscite chez les autres va même jusqu’au harcèlement. Le malaise de Carrie va s’accroitre quand elle devient une femme et qu’elle a ses premières règles. Ce bouleversement intime réveille un pouvoir qu’elle avait déjà lorsqu’elle était petite fille et qui s’était mis en sommeil : le pouvoir de télékinésie. Stephen King a donc relié entre eux deux pouvoirs très mystérieux et fascinants : le pouvoir physique de procréer et le pouvoir psychique de faire bouger des objets par la seule force mentale.

          Cette période bouleversante de l’adolescence, elle est aussi abordée de manière extérieure : si Carrie est en proie à un désordre interne, elle sème aussi le désordre autour d’elle. Il faut dire que notre malheureuse héroïne est sujette à des humiliations et des moqueries qui la pousseront à réclamer vengeance. Ainsi, Carrie, c’est la chronique d’un collège américain ordinaire dans lequel vont s’inscrire des phénomènes extraordinaires.

Pour couronner le tout, à ce harcèlement scolaire se mêle le fanatisme d’une mère violente et détraquée, qui rejette ce qu’elle considère comme impur : tout ce qui touche au corps, surtout celui des femmes. Mais bientôt la colère de Carrie va s’abattre sur tous ceux qui la blessent et l’humilient. Y compris sa mère. Et puis, cette colère, elle se retournera contre Carrie, également.

          Par ailleurs, le roman est construit comme une enquête sur les événements qui se sont déroulés lors de la fameuse nuit du Bal de Printemps du collège de Chamberlain dans le Maine. On y trouve donc le récit des événements de cette fameuse nuit, dans lequel s’intercalent des extraits de documents qui ont paru à la suite du drame et qui l’éclairent sous différents angles.  Ainsi, on peut lire des extraits de L’ombre dissipée qui tente d’expliquer de manière scientifique le phénomène de la TK – et qui explique ce phénomène par l’hérédité. Il y a aussi des extraits de Je m’appelle Susan Snell qui raconte le phénomène Carrie du point de vue de Susan Snell et apporte des renseignements précieux sur les derniers instants de l’adolescente – puisque Susan a assisté à la mort de Carrie. Également présents : des extraits de différents journaux. Ces différents documents présentés à l’intérieur du récit confèrent à ce dernier un effet « vérité ».

          Enfin, je soulignerai l’existence de ruptures dans le récit. En effet, s’immiscent dans celui-ci les pensées de tel ou tel personnage : quelques mots – parfois, une simple onomatopée - qui s’invitent en plein milieu d’une phrase, la disloquant. Ces intrusions ne sont, selon moi, pas indispensables. Elles nuisent à la compréhension immédiate du récit.  

          J’ai donc encore une fois apprécié Carrie de Stephen King qui sait me faire apprécier un genre romanesque que j’aime déjà au cinéma (l’épouvante/horreur), mais pas vraiment en littérature.



19/11/2023
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