LECTURES VAGABONDES

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Armistead Maupin : Michaël Tolliver est vivant / quel carnage !


Lorsqu'en 1989, Bye bye Barbary Lane a été publié, il semblait bien qu'Armistead Maupin mettait un point final aux Chroniques de San Francisco : six tomes et des milliers de pages à travers lesquels des dizaines de personnages venus de tous horizons sont emportés dans de truculentes et hilarantes aventures au sein du mythique San Francisco des années 70-80. Fallait-il, 20 ans plus tard, en remettre une couche ? Ma réponse est non, car ce septième tome paru en 2008 aux éditions de L'Olivier : Michaël Tolliver est vivant, s'avère être, pour moi, une franche déception au niveau de l'intrigue, de l'écriture, et bien plus grave, un torchon au niveau des idées qu'il véhicule.

Nous retrouvons donc ici l'un des personnages centraux des Chroniques de San Francisco : Michaël Tolliver alias Mouse ; ce dernier a désormais 50 balais bien tapés, une bedaine, et un mari bien plus jeune que lui : Ben. Il est toujours séropositif, mais il prend ses médicaments… Tout va bien pour lui. Michaël est désormais un homosexuel heureux et pleinement épanoui. Cependant, autour de lui, c'est la big déprime. Sa mère est à l'agonie : dernier voyage en Floride, pour aller dire adieu à cette génitrice qui a toujours refusé d'admettre l'homosexualité de son fils. A San Francisco, la mère « logique » de Michaël, le transsexuel Anna Madrigal (figure-phare des Chroniques), est également mal en point. A 80 ans, elle s'affaiblit : pour elle aussi, la fin est proche. Voilà, en gros, la ligne directrice de ce roman, principalement constitué de scènes décousues et inintéressantes dont certaines permettent de revenir sur le destin des autres personnages clefs des Chroniques, personnages désormais décédés ou vivant loin de San Francisco : entre autres, pour ceux qui connaissent les chroniques de San Francisco : Mona et Mary Ann.

J'ai eu l'occasion de lire quelques articles sur le livre Michaël Tolliver est vivant, articles parus principalement sur des blogs tenus par des gays. La plupart de ces derniers ont plutôt aimé ce dernier tome, sans en faire tout un plat, néanmoins. Tous préfèrent le début des Chroniques de San Francisco. Sur ce point-là, nous sommes bien d'accord.  Je propose ici un autre point de vue sur ce livre : le point de vue d'une femme hétérosexuelle à priori peu concernée par la question gay… Sauf que :

1- Comme tout le monde, je regarde la télé : de nombreux homosexuels y témoignent, y sont visibles. Certains sont célèbres : Pascal Sevran, Bertrand Delanoë, Dave, Laurent Ruquier, Pierre Palmade… bien d'autres encore.

2- Comme tout le monde, j'ai une famille dans laquelle il y a quelques homosexuels.

3-Comme tout le monde (ou presque), je travaille et je côtoie donc, dans ce cadre, quelques homosexuels.

4-Comme certaines autres femmes, j'ai quelques amis homosexuels avec lesquels je partage une grande complicité.

Pour toutes ces raisons, je dois bien dire que je n'ai vraiment pas l'impression de vivre sur une planète exclusivement hétérosexuelle, mais bien plutôt dans un monde constitué d'individus (des hétéros et des homos) avec lesquels des affinités se créent ou non.  Or, il me semble, en lisant Michaël Tolliver est vivant, qu'il existe, pour Armistead Maupin, deux planètes bien différentes : la planète hétéro et la planète homo, deux planètes qui ne se mélangent pas.

Bien entendu, c'est sur la planète homo que Tata Maupin nous convie : une planète toute rose et très décomplexée. Michaël est un daddy comblé : son mari, Ben, est jeune, beau, il baise bien… La complicité entre les deux hommes est telle qu'ils invitent parfois au sein de leur couple un troisième loustic pour un « plan-cul » complètement débridé. D'ailleurs, le jeune Ben, parfois, se tape des après-midis au sauna gay du coin… Ensuite, il raconte à son daddy chéri combien il s'est éclaté… mais quand même moins qu'avec son daddy chéri.

Ceux qui connaissent Armistead Maupin savent qu'il est aujourd'hui marié avec un homme bien plus jeune que lui, mari auquel il dédie ce pitoyable navet : à Christopher Turner, mon mari chéri. L'auteur avoue lui-même avoir voulu décrire son propre couple à travers le tandem : Michaël-Ben, un couple intensément amoureux. On veut bien le croire. Mais alors, c'est peut-être qu'Armistead Maupin ne sait pas écrire l'amour… Moi, en lisant ce bouquin, j'ai plutôt eu l'impression de pénétrer au sein d'un couple de super copains, toujours sur la même longueur d'onde : on déconne ensemble, on se confie toutes nos peines et nos joies, on fume un pétard ensemble… et puis, tous les soirs, la main au panier et roule ma poule. La séduction ? Les préliminaires ? La part secrète qu'on entretient afin de ne pas se dégrader aux yeux de la personne aimée ? Niet…. Bon. Peut-être les amours homosexuelles sont-elles différentes. Ce n'est pas là-dessus que j'assassinerai ce bouquin… Sauf que : je trouve quand même qu'au bout de 10 pages de dialogues du style :

« Quand il m'a vu, Ben m'a souri :

« Salut mon mari.

-          Salut mon chéri, ai-je répondu en l'embrassant sur la bouche. Putain, c'est somptueux ».

Il bossait sur un buffet d'allure un peu asiatique, long et étroit.

« Merci ».

Il a caressé l'érable comme s'il flattait les flancs d'un cheval tendrement aimé.

« J'ai reçu des nouvelles d'Irwin aujourd'hui.

-Ah oui ? Comment ça va avec Lenore ? »

Bon ben, dis-je, au bout de 10 pages de ce tonneau… On se dit : « what else ? ». Mais non ! Toi, lecteur, tu bois la coupe jusqu'à la lie ! « Eh, chéri ! Qu'est-ce que tu veux bouffer ce soir ? Une pizza maxi machin chose ou un cheese-bacon burger ? » / « Ah ben, je vais prendre une douche. T'as pas oublié d'acheter du savon ? ». Please ! Stop !

Reste le sexe. Très présent dans le bouquin, l'acte sexuel est évoqué de manière à la fois vulgaire et peu impliquant. On s'amuse avec la bite et les roubignoles de l'autre : c'est cool et ça fait du bien.

Un extrait de la scène où Michaël et Ben invitent Patreese, un troisième loustic, dans leur chambre d'hôtel (ce n'est pas le plus hard ! Je ménage mes lecteurs !) : 

« Ce dernier a émis un petit gémissement, puis a embrassé Ben voluptueusement sur la bouche avant de m'offrir un traitement analogue.

« Vous êtes vraiment adorables ! a-t-il déclaré.

Après m'avoir décoché un regard et un sourire complice pour m'avertir qu'il se lançait, Ben est tombé à genoux et a dégagé d'un geste brusque, la bite de Patreese de dessous le camouflage. Du bout de la langue, il a commencé à déplisser le prépuce imposant de notre hôte, mais je n'ai pu que l'entrevoir dans la mesure où Patreese avait répondu à l'initiative de mon mari en me carrant sa langue dans la bouche. Elle y est restée un bon moment, chaude et envahissante, à croire qu'elle aussi était en érection. Lorsqu'il l'a retirée, il m'a dit :

« J'espère que tu m'en veux pas.  J'adore embrasser.

-Pas de problème, ai-je répondu, haletant.

Au rez-de-chaussée, Ben a lâché la queue de Patreese et levé le nez vers nous :

« Pas de problème ici non plus », a-t-il affirmé, ce qui a déclenché un grand éclat de rire parmi les troupes. …

Et pour ne pas finir idiot, la fin de la scène :

                « A peine avais-je déchargé que j'attrapais une capote sur la table de chevet pour l'enfiler sur la bite de Patreese. Comprenant que c'était pour lui, Ben m'a regardé avec tendresse et reconnaissance avant de se saisir d'un flacon de lubrifiant et de se mettre au boulot. Il a joui à quatre pattes, mon petit foutreur, sans même se branler, pendant que Patreese le sautait. Je le sais, j'étais en dessous, j'ai reçu son jus et je l'ai embrassé, en proie à un bien-être fabuleux. »

Ah ben ça ! Y a pas à dire ! Ça donne envie ! Qu'est-ce qu'on s'éclate entre potes !  Bon ben, on dira que chacun fait son lit comme il l'entend, n'est-ce pas ?

Clairement, le sexe est omniprésent dans les pensées de nos deux homos qui vouent un véritable culte à la bite, laquelle devient presque, dans ce livre, un objet totalement indépendant de l'individu auquel il appartient. La première chose qu'un homo regarde, lorsqu'il croise un homme, ce n'est pas son visage, c'est sa braguette. Bref, la grande réflexion philosophique à laquelle est confronté le lecteur hétéro, lorsqu'il lit ce livre, est la suivante : « les homos sont-ils des obsédés sexuels ? » Réponse d'Armistead Maupin : « oui ». Je ne suis pas homosexuelle : je suis donc prête à croire sur parole ce digne témoignage. Merci donc à Armistead Maupin pour ce beau voyage en tarlouzanie : on a découvert avec grand intérêt les mœurs exotiques de ce peuple et sa culture : la culture gay.

Mais là n'est pas le pire ! Non, non ! Le pire ? C'est l'hétérophobie qui se dégage de ce bouquin, car comme je l'ai dit au début de cet article : il y a, dans le monde, pour Maupin, la planète des homos et la planète des hétéros.

Ainsi donc, quel regard Tata Maupin porte-t-il sur les hétéros ? C'est un monde qu'il qualifie de « nébuleux ». D'abord, il y a les hommes hétéros : des brebis qui s'égarent dans le vagin des femmes, chose la plus dégoûtante qui soit. Beh ! Beh ! Il est vrai que lorsqu’ils sont dans le vagin des femmes, la plupart des hommes finissent par bêler comme des brebis égarées… mais je ne crois pas qu’ils soient dégoûtés par cet égarement : ils trouvent ça plutôt sympa, doux, chaud, serré…

Curieusement, Maupin parle très souvent du sexe féminin pour lequel ses personnages éprouvent du dégoût au point de refuser de le regarder. Jack, par exemple, est un transsexuel : il se pique à la testostérone, il a l'allure d'un homme… mais son sexe est celui d'une femme, un sexe qui le dégoûte : au détour de ce personnage, Maupin a écrit quelques jolies pages d'analyse psychologique (niveau café du commerce) sur ce qui se passe dans la tête d'un transsexuel, pages qui semblent bien plutôt être un prétexte à exprimer le dégoût qu'éprouve personnellement l'auteur pour l'appareil génital féminin.

Je n'irai pas plus loin sur le sujet qui me paraît pourtant bien intéressant : pourquoi un tel dégoût pour ce qui ne devrait susciter qu'indifférence ? Quelle est la place de la femme dans ce monde désormais rétréci que nous présente Maupin dans Michaël Tolliver est vivant ? Des transsexuelles ? Jack ? Une femme à barbe ? Anna Madrigal, mère « logique » de Michaël, initialement un homme ? Faut-il à ce point haïr les femmes pour renier même le vagin de sa propre mère ? Il y a aussi Lenore, la femme du frère de Michael : une ultra-chrétienne hystérique et homophobe… Quant à Sheena, c’est une pute qui montre son sexe gratuitement aux hommes derrière des vitres de plexiglas… Tiens donc, voilà enfin un truc intéressant et un peu plus ambigu sur le rapport de Maupin aux femmes : le corps de la femme est représenté derrière une barrière, mais cette barrière-là est franchement dégueulasse : pleine du foutre de vieux saligauds qui viennent se soulager sur elle, faute de mieux.  

Par ailleurs, l'image des amours hétérosexuelles véhiculée par le roman est pitoyable : aucun hétéro n'est heureux, tous sont cocus (les femmes trompent leur mari dans leur dos, tandis que les homos se le disent ! Voilà pourquoi les hétéros sont nébuleux !). Bien entendu, globalement, les hétéros sont aussi tous des fachos qui rejettent les pauvres homos : Michaël a été rejeté par sa mère, son père, son frère, bref, toute la sainte famille ! Le seul endroit où il a pu s'épanouir, c'est dans le quartier très particulier de Castro, à San Francisco, quartier homo et transsexuel : bref, point de vie pour les homos ailleurs que dans les "gayttos" !

Ainsi donc, de la même manière qu'il existe une hystérie féministe qui, sous le faux-semblant de la  revendication  égalité homme/femme, cherche en réalité à prendre une revanche sur les hommes avec des méthodes machistes, il existe une hystérie homosexuelle qui dessert fortement la cause, qui se manifeste dans les conneries de gay-pride, et qui ne font qu'ancrer davantage dans l'opinion publique toutes les idées préconçues et les stéréotypes sur les homos. C'est sans doute un mal nécessaire à la revendication de ceux qui ont des droits à faire valoir, mais c'est un mal qui finalement donne le beau rôle aux sexistes ou aux homophobes de tous horizons. 

Je suis désolée de dire que cette œuvre de Maupin est franchement merdique : de la même manière qu'il existe de vieux cons hétéros, il existe de vieux cons homos… Je suis navrée de découvrir que Maupin, un auteur que j'apprécie, est en train de basculer dans l'extrémisme réactionnaire homosexuel. Désolée également de découvrir qu’il existe des homos hétérophobes et misogynes, dont le rêve serait de vivre sur une planète exclusivement masculine : un monde exclusivement gay et par conséquent bien triste, de mon point de vue…. Bien plus, un monde condamné à mort à très court terme car n’en déplaise à Monsieur Maupin, il faut des amours hétérosexuelles pour alimenter les amours homosexuelles. Ceci dit, ce que Maupin a écrit là n'engage que lui : je ne suis pas personnellement convaincue que beaucoup d'homos se reconnaîtront dans ce livre.

En tous cas, pas ceux que je connais : mes amis… Ils détestent la vulgarité. Ce sont des hommes souvent raffinés, sensibles, intelligents et singulièrement esthètes. Ils aiment les femmes et recherchent leur compagnie. On remarquera que la plupart des créateurs de mode sont homosexuels : Yves Saint-Laurent, Gianni Versace, ou encore Jean-Paul Gaultier ont voué leur vie aux femmes ; ils habillent et magnifient des corps qu'ils ne touchent pas pour tout un tas de raisons qui les regardent. On pourra me rétorquer que la mode, c’est la femme objet (car bien sûr, il faut se déféminiser pour ne plus être considérée comme un objet !), que Jean-Paul Gaultier a présenté une collection de robes en forme de cages qui ont affolé les féministes hystériques… Moi, je dis que cette collection de Gaultier est fabuleuse : il y livre un regard sur un corps interdit en ce qui le concerne et je ne trouve pas qu’il y ait quoique ce soit d’insultant là-dedans. Bien plus, il faudrait être naïf pour croire qu’aujourd’hui, les femmes sont libres, qu’elles ne sont pas enfermées dans la culture du « sois belle et tais-toi ». Il suffit d’ouvrir la télévision pour constater qu’il n’y a qu’une seule femme derrière nos écrans – Arlette Chabot, qualifiée d’ailleurs de boudin dès qu’on parle d’elle – qui anime une émission un tant soit peu intelligente : toutes les autres sont de jolies potiches – car on ne peut être à la fois belle et intelligente - qui, soit lisent un prompteur, soit tiennent le second rôle dans l’animation des émissions, soit sont de simples chroniqueuses. Les moches (sauf Arlette), les grosses…. Alors là, c’est carrément le big tabou ! Elles n’ont le droit ni à la parole, ni à l’image. Par contre, on se tape des Michel Drucker, des Jean-Pierre Foucault/Pernault, des Patrick Sébastien, des Michel Denisot… Rien que des perdreaux de l’année super-sexys !

On pourrait aussi parler des femmes dans les différents gouvernements, des femmes PDG, etc… Elles sont peu nombreuses… et si par hasard, elles sont belles, elles ne sont pas crédibles… Et elles le prouvent ! Il suffit d’écouter les fantoches Rama Yade ou Rachida Dati pour penser que vraiment, une jolie femme n’a rien à foutre dans un gouvernement…. Mais bon, ben, c’est ce gros macho de Sarko qui les a choisies. D’une manière générale, la première qualité recherchée chez une femme, c’est son physique et sa jeunesse. Pas la peine de se demander si Carla Bruni est intelligente : ce n’est certainement pas ce qui a motivé Sarko lorsqu’il lui a passé la bague au doigt. Et c’est vrai que ça marche ! Sarko trimbale fièrement son épouse - comme une jolie poupée, rôle auquel Mme Bruni-Sarkozy souscrit totalement - dans les voyages diplomatiques et tout le monde tombe sous le charme… Les hommes, comme les femmes. Je suis d’ailleurs peut-être la première à être sensible à la beauté féminine : je fais très attention à mon apparence, à ma ligne…. Impeccable jusqu’au bout des ongles. Oui, dans un sens, je suis sexiste…

Sauf que… C’est aussi un plaisir pour moi que de faire les boutiques de mode, de me plâtrer le visage à l’argile une fois par semaine, de me maquiller, de faire du sport, entre autre, pour entretenir ma ligne. Abandonner tout ça, c’est accepter d’entrer dans un carcan qui ne me correspond pas et qui ne me plait pas, carcan infligé aux femmes par les féministes hystériques qui refusent tout artifice de mise en valeur de leur personne en brandissant l’étendard maudit de la femme objet… Si la beauté est une caractéristique qui prend trop d’importance dans le jugement porté sur une femme, on n’a néanmoins pas le droit de revendiquer sa suppression, car c’est alors accepter le machisme : « sois belle et tais-toi »… et bien oui, moi, femme-féministe hystérique, je souscris à cet adage machiste et je revendique donc le « sois moche et gueule plus fort que les autres ». Fichtre !  Très peu pour moi. J’exerce un métier où l’on ne recrute pas sur l’apparence physique des femmes… Je n’ai donc été choisie ni pour mon physique, ni pour mon sexe ; seulement sur mes compétences pour un travail demandé : il devrait en être ainsi pour les femmes dans tous les domaines.   

On ne stigmatise pas les hommes beaux, coquets, élégants, les Georges Clooney, les Jude Law, les Enrique Iglesias... alors pourquoi le fait-on pour les femmes ?  

Représenter la femme dans une cage, comme Gaultier l’a fait, c’est dire la vérité et associer intelligemment la cause homosexuelle et la cause féministe… Même si personnellement, je pense qu’être homosexuel n’est pas forcément un frein pour une carrière, alors qu’être une femme l’est beaucoup plus. Disons que la cage ne se situe pas au même niveau… mais le résultat est le même : femmes et homosexuels sont infériorisés dans l’esprit des gens. On réduit trop les femmes au seul critère esthétique… on n’accorde que très peu d’importance à leurs talents respectifs, à priori. Quant aux homos, ils ne sont pas considérés comme des hommes complets, comme des hommes à part entière : ils sont féminisés à tort, car il suffit de surfer sur les sites gays pour constater de visu qu’ils sont des hommes à part entière, tout à fait susceptibles de séduire une femme hétérosexuelle : messieurs, la porte est ouverte si le cœur vous en dit. Non ? Bon ben, tant pis ! Pensons à autre chose ! Va falloir alors songer à laisser place un peu plus aux fantasmes féminins sur les sites hétéros… Quelques diaporamas de streap-tease masculins ! Merci bien pour nous, les femmes : ras-le-bol de se chatouiller devant des homos qui se dessapent… Ces hommes-là ne nous sont pas dédiés.

De ces cages, ce ne sont ni les femmes ni les homos qui en détiennent les clefs… c’est chacun d’entre nous. Nous tous, hommes et femmes, nous devons lutter contre des automatismes liés à une longue histoire de mise à l’écart des femmes et des homos… C’est moi, femme, qui doit arrêter de dire : « grosse connasse » lorsque je vois Roselyne Bachelot à la télé, c’est toi qui traites ton camarade de « sale pédé » pour un oui ou pour un non, et encore toi,  là-bas qui dis « les bonnes femmes » lorsque tu parles simplement des femmes. Bref, nul besoin d’hystérie… On est tous très sexistes et très homophobes sans forcément vouloir l’être… Il faut du temps pour assainir une atmosphère dans laquelle tout le monde baigne depuis des siècles ! Mais je m’égare un peu : revenons à nos moutons.

Je pense que les homosexuels ne sont pas indifférents aux femmes. Elles les fascinent, elles leur font peur, elles les dégoûtent ( ?) (dans de très rares cas ! mais c’est sans doute celui d’Armistead Maupin)…. Et plein d’autres possibilités aussi. Quant aux relations femmes-homos… Amitié ? Amitié amoureuse ? Amour platonique et secret ? Personnellement, tous les homos que je connais ont une femme, quelque part dans leur tête et dans leur vie ; pas forcément toujours leur mère, d’ailleurs : une sœur (Orlando ?), une amie, une femme idéalisée, sublimée (Paul Verlaine), une icône en papier glacé, une inaccessible étoile.  Ce n’est pas à moi de faire la psychanalyse des homos : ils sont tous différents, ils ont tous un rapport aux femmes différent. Mais leur regard sur elles, au niveau artistique, est bien souvent valorisant esthétiquement parlant. C’est la première fois que je lis des trucs aussi laids sur les femmes de la part d’un homosexuel. Allons, ne nous démoralisons pas et songeons aussi aux beaux films d’Almodovar, de François Ozon, aux beaux textes d’Oscar Wilde ou de Paul Verlaine.

Voilà pourquoi je dis que Michaël Tolliver est vivant est un bouquin digne de la poubelle. Il est vulgaire, insultant et dénaturant pour tout le monde. Les femmes y sont déféminisées, les gays y sont caricaturés travelos et compagnie, les hommes hétéros y sont hystériquement homosexualisés.

Armistead Maupin crie un peu trop haut et un peu trop fort le bonheur et la fierté d’être gay : en filigrane, j’y vois surtout beaucoup et névrose et d’hystérie que l’auteur refuse de regarder en face, que l’auteur refuse d’explorer : il se cache derrière une écriture faussement provocatrice et des personnages fantoches, de pitoyables marionnettes qu’il agite sans aucune inspiration réelle. Depuis le début des années 90, Maupin affiche la volonté de produire des œuvres plus intimistes : eh bien, qu’il adopte alors le ton et l’intrigue qui conviennent à cette volonté… Cette nécessité passe forcément par l’abandon de toutes ces figures superficielles et stéréotypées d’homosexuels façon gay-pride. Il est temps de vous libérer, Monsieur Maupin… quittez donc le gaytto et sa mauvaise littérature de propagande fascisante. C’est une prison dont vous astiquez vous-même les barreaux et vous y enfermez tous les homosexuels qui en ont marre de la caricature. Puisque vous assumez pleinement votre homosexualité, alors, vous pouvez écrire sur autre chose… Sinon, alors, écrivez une histoire d’homme, (et pas des histoires de tantouzes foldingues qui n’ont aucun intérêt), un homme, avec ses douleurs, ses joies, ses combats, ses renoncements…

Armistead Maupin fait passer sa dimension homosexuelle avant sa dimension d’écrivain… c’est très dommageable pour son œuvre… Et vraiment attristant et réducteur pour l’homme qu’il est. L’écrivain et l’homme avant toute chose ! Pascal Sevran a écrit un très beau livre sur son homosexualité - entre autre - un livre qui sonne juste parce qu’il y parle de lui, et de lui seul en tant qu’homme non réduit à sa seule dimension homosexuelle, un livre qui ne revendique rien, et surtout, un livre qui ne justifie rien. Alors, pourquoi Armistead Maupin n’y parviendrait-il pas ?

Je voudrais terminer cet article en mentionnant un rapport qui me paraît fort juste mais qui reste encore tabou chez les hétéros comme chez les homos : il s’agit du rapport Kinsey :

« Selon Kinsey, tout être humain porte en lui une composante hétérosexuelle et une composante homosexuelle. Celles-ci s’aménageant diversement d’une personne à l’autre, on ne peut finalement établir des catégories sexuelles étanches et « tranchées au couteau ». De plus, s’ajoutent à l’acte sexuel, les questions de sensibilité et d’affectivité qui complexifient davantage les choses ».

Voilà, je n’ai rien d’autre à ajouter sinon que je suis convaincue de la véracité de ce rapport. Il y a des femmes que je trouve terriblement excitantes, sexys, belles, sulfureuses : Clara Morgane, Catherine Zeta-Jones, Pénélope Cruz… bien d’autres encore… Elles incarnent une sorte de féminité parfaite à laquelle j’aimerais correspondre. Peut-être y-a-t-il une dimension homosexuelle dans ce fantasme d’identification ? Je ne sais pas… et surtout, je m’en fiche totalement : ma « composante homosexuelle » ne me torture guère l’esprit… peut-être malheureusement d’ailleurs… tant il est vrai que pour l’instant, je ne peux pas vraiment remercier les hommes pour le bonheur qu’ils m’ont apporté dans la vie…. C’est peut-être du masochisme, mais ce n’est pas un choix… On ne choisit pas son orientation sexuelle.  



17/12/2010
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