LECTURES VAGABONDES

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Christopher Moore : l’agneau / l’agneau de dieu mal revisité par Moore.


Quelle idée originale que de revisiter les évangiles et le nouveau testament ! C’est ce que propose Christopher Moore dans son roman paru en 2004 aux éditions Gallimard : L’agneau. En effet, nous ne connaissons de la vie du Christ que les premières années et les trois dernières. Christopher Moore a eu l’idée de combler le trou des quelques 25 années méconnues de la vie de Jésus. Pour ce, il imagine la résurrection de Biff, son meilleur ami . Celui-ci est chargé par l’ange Gabriel d’écrire un nouvel évangile qui raconterait les années oubliées par les quatre autres.

Malheureusement, le pari alléchant de l’écriture d’un autre nouveau testament me parait plutôt raté. Joshua nait donc à Bethleem, et c’est dans sa petite enfance qu’un ange lui annonce qu’il est le messie. Certes, celui-ci se livre déjà à de petits miracles comme celui de ressusciter des lézards, mais son grand souci, c’est son destin : il faut qu’il sache là où il doit aller en tant que messie. C’est alors que commence un voyage initiatique en Chine et en Inde, à la recherche des 3 rois mages. Eux seuls peuvent aider Joshua à devenir le Messie. En Chine, auprès de Balthazar, il apprend la zen attitude, en Inde, auprès de Gaspard puis de Melchior, il apprend le bouddhisme et l’ascétisme. Enfin, il rentre en Galilée pour accomplir son destin.

Comme dans tout roman d’initiation, la quête est parcourue d’épreuves physiques et psychiques que le héros doit supporter, mais dans l’agneau, l’ensemble prend un tour farfelu qui m’a déplu. Le passage initiatique auprès des rois mages est très long et teinté d’un merveilleux plus que lourd. Par ailleurs, Christopher Moore s’est beaucoup plus attaché, à ce moment-là, au personnage de Biff. Quel enseignement Joshua a-t-il reçu auprès de Balthazar, Gaspard et Melchior ? Voilà qui reste bien flou ! Par contre, Biff, véritable héros de cette initiation, apprend d’abord la magie et se débat contre une espèce de dragon, incarnation du mal, puis il apprend le Kung Fu, enfin, le Kâma-Sûtra. Je passe sur les innombrables belles filles qu’il se tape tandis que Joshua fait ceinture.

Certes, Christopher Moore a voulu divertir et amuser avec ce roman de veine picaresque truffé d’épisodes délirants. Cependant, moi, je ne me suis guère amusée… J’ai trouvé l’ensemble à la limite de la débilité. Le personnage de Jésus est totalement noyé dans cet amas d’aventures rocambolesques. C’est bien dommage en vérité car j’éprouve depuis toujours une certaine fascination pour le Christ au point d’avoir fait un mini mémoire, en licence, sur la vie de Jésus de Renan. Certes, Christopher Moore se base sur les écritures et les recherches historiques et scientifiques sur la personne de Jésus : la secte des esséniens d’où proviendrait le Christ est présente du début à la fin du roman à travers, notamment, le personnage de Jean le Baptiste. Certes, certaines thèses accréditent le fait que Jésus n’aurait pas été crucifié et qu’il serait ensuite parti en Inde… Fichtre ! Quel galimatias Christopher Moore nous offre-t-il avec tout son savoir sur Jésus ! A un moment, le voilà-t-y pas en train de sauver des enfants destinés au sacrifice à la déesse Kali ! N’importe quoi !  

Certes, il y a dans ce roman, de l’inventivité et une certaine désacralisation des écritures : par exemple, Jésus, loin d’être un homme désintéressé du sexe, vit par procuration des expériences de son pote Biff. Il n’est pas insensible non plus aux charmes de Maggie, Marie-Madeleine. Cependant, il restera puceau jusqu’à sa crucifixion. Les anges en prennent également un sacré coup. L’ange Gabriel, chargé de ressusciter Biff pour qu’il écrive la vie de son meilleur ami, reste scotché à la télévision, devant Dallas ou des matchs de catch : je dois dire que j’ai trouvé tous ces détails anachroniques et décalés assez amusants.

Reste la geste du christ que nous connaissons tous. Heureusement qu’elle est là dans les 150 dernières pages du livre : on retrouve avec plaisir l’histoire écrite dans les évangiles, transposée ici sur un ton assez naturel et plaisant. Pour le reste, il aura fallu se taper toutes les longueurs idiotes des péripéties sans intérêt de Joshua et de Biff chez les chinois et les indous.

            Bref, ce roman est sans doute beaucoup trop long et vraiment très inégal. Et malgré toute l’inventivité de Christopher Moore, on s’ennuie souvent et on finit par se dire que c’est là l’œuvre la moins bonne écrite sur Jésus dont on ne retrouve guère l’esprit à travers ce personnage de Joshua qui se trouve être à la limite de la niaiserie. Dommage !  


07/05/2010
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