LECTURES VAGABONDES

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David Safier : Le fabuleux destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché/Une tambouille pas fabuleuse.

          Comment résister à l’appel d’un titre aussi farfelu lorsqu’on connait déjà un peu David Safier et sa propension à imaginer des comédies hautes en couleur ? L’affaire laisse présager de bonnes heures de lecture récréative ! Mais c’est de la déception que j’ai ressentie en lisant Le fabuleux destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché, roman de David Safier publié en 2014 aux éditions des Presses de la cité.

 

          Il était une fois un troupeau de vaches allemandes… Elles paissent tranquillement dans un pré lorsque le chat Giacomo apprend à l’une d’entre elles – Lolle – que leur maître humain a décidé de toutes les envoyer à l’abattoir ; ce dernier est effectivement sur la paille et se voit contraint d’arrêter son activité. Mais encore faut-il convaincre les

autres vaches de quitter un si tranquille endroit que ce pré perdu au fin fond de l’Allemagne. Certes, il y a un pays – l’Inde – où les vaches ne servent pas d’aliment aux humains et c’est là que Lolle veut aller. Trois vaches suivent Lolle ; présentons-les : Hilde, sa copine de toujours, P’tit radis, et Susie : la rivale de Lolle dans le cœur du taureau Champion qui ne tarde pas à rejoindre le troupeau. Ah ! J’oubliais ! Le chat Giacomo est aussi du voyage ; il est le guide et c’est d’abord aux USA que nos amies les vaches se rendent en bateau. Là, elles se retrouvent dans une ferme idyllique où elles sont bichonnées. C’est alors que Lolle découvre qu’elle attend un petit de Champion et aussi que bientôt, elle et ses copines seront abattues car elles sont tombées dans un élevage de bovins destinés à l’alimentation humaine. C’est en sautant depuis l’arrière du camion qui les emmènent à l’abattoir que nos vaches se tirent de ce mauvais pas. Elles reprennent la route, direction l’Inde. C’est en avion qu’elles poursuivent le voyage et là encore, elles doivent affronter le danger car ce dernier s’écrase sur les hauteurs de l’Himalaya.  Mais tout est bien qui finit bien : en Inde, nos vaches trouvent le bonheur.

 

          Si j’ai plutôt apprécié Sors de ce corps, William de David Safier, j’ai été cruellement déçue par cet autre roman du même auteur. Pourtant, on retrouve l’idée de base qui caractérise ses œuvres, à savoir des personnages décalés et des jeux d’identités. Ici, nous avons affaire à quelques vaches qui ressemblent à s’y méprendre à des humains : elles discutent, se disputent, s’aiment, etc… Comme chez les humains, les mâles ont tendance à être machos ; comme chez les humains, il y a de l’homosexualité, des croyances religieuses - la déesse créatrice du monde des vaches se nomme Naïa - de l’amour maternel, etc…

          Certes, l’idée est amusante et aurait dû permettre à l’ensemble d’apporter une réflexion distanciée sur les travers humains : on change de peau, de culture, de forme, pour observer à distance les us et coutumes des humains et s’en étonner, s’en moquer… et surtout, les critiquer. Malheureusement, Le fabuleux destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché est un roman qui ne tient pas ses promesses. En effet, David Safier accumule les péripéties sans intérêt au lieu de donner la parole aux vaches pour faire réfléchir aux comportements des humains. L’ensemble s’enlise dans des disputes pour savoir quelle vache doit diriger l’ensemble du groupe ou dans des conversations sans intérêt où on apprend que P’tit radis est une vache homosexuelle, que Susie fait du gringue à Champion, etc…  

          Et pour couronner le tout, David Safier a imaginé un personnage inutile : le chat Giacomo qui parle avec un accent italien ! Comme c’est amusant ! Un humour bien gentillet, proche de la débilité, des personnages sans intérêt dans une suite d’aventures sans intérêt, voilà bien une lecture inutile et totalement stérile. Dans Le fabuleux destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché, on ne réfléchit pas et on ne rit pas.

          Si au moins, l’œuvre avait pu donner la parole aux vaches pour dénoncer leurs conditions de vie dans les élevages, on aurait été un peu plus emballé par l’ensemble, mais point de tout ça. Les vaches sont très heureuses partout où elles passent et les histoires d’abattoir sont totalement accessoires dans ces pérégrinations poussives et répétitives.

          Mauvais point pour David Safier, donc ! Le « fabuleux destin » de la vache Lolle n’a aucun intérêt. Cependant, l’auteur ne m’a pas suffisamment écœurée de sa tambouille et je pense lire bientôt une œuvre qui a fait son succès et sa renommée : Maudit karma.

 

 



25/11/2018
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