LECTURES VAGABONDES

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Carl Aderhold : Mort aux cons / Tous des cons

     

    Qui n’a jamais rêvé d’étrangler, d’écraser, de flinguer un, deux - ou trois… et plus ! - fâcheux, enquiquineurs, emmerdeurs qui polluent l’atmosphère et la stratosphère ? Eh bien, Carl Aderhold a assouvi cet inavouable fantasme à travers un roman truculent et plein d’humour noir : Mort aux cons est publié en 2007 aux éditions Hachette littérature.

 

          Notre héros est un homme bien ordinaire : marié, rangé, sans histoire. Tout commence avec la chatte Zarathoustra qui, de temps à autre, s’invite chez lui. Passablement énervé par la bestiole, notre homme tue la minette. Aussitôt, le quartier se solidarise pour soutenir la maîtresse de la défunte bête. Emerveillé par ce pouvoir, notre héros commence à tuer chiens et chats dans le quartier. Mais bientôt, il se rend compte que le résultat escompté n’est pas au rendez-vous, bien au contraire ! Les gens finissent par s’inquiéter ou par se réjouir de la mort d’un molosse bruyant. Dès lors, le narrateur va se mettre à tuer les humains : tout commence avec la concierge, Suzanne, qui mène pesamment sa petite enquête sur les meurtres des toutous et aurait fini par démasquer le tueur. Progressivement, le narrateur va s’en prendre à tous ceux qui croisent son chemin et qui l’enquiquinent. Voisins, amis, collègues de travail… la liste s’allonge de jour en jour. Parallèlement à cette activité de nettoyage des cons de la planète, notre héros se rend chez un psychanalyste qui tente de trouver l’origine de cette addiction au meurtre des cons dans son passé. Et puis, un jour, le commissaire Marie vient rendre visite à notre bourreau. Il faut dire que ce dernier est relié d’une manière ou d’une autre à de nombreux meurtres. D’ailleurs, même son épouse, Christine, y est passée. Ensemble, ils essaient de théoriser afin d’expliquer les meurtres : certes, il y a les fâcheux, mais pas seulement ! Les bienfaiteurs, les imbéciles, les chômeurs, les patrons… Difficile de donner une vraie et bonne définition du con. Lorsque le commissaire Marie avoue à notre serial killer qu’il sait depuis longtemps qu’il est le meurtrier, ce dernier le tue… Accomplissant pour la première fois le meurtre d’un homme qu’il ne considérait pas comme un con, mais comme un danger pour lui. En cela, il se dit qu’il a agi comme…. un meurtrier (pas un con, quand même !)

 

          Mort aux cons est vraiment un petit bijou d’humour noir ! Un roman qui amuse, tient en haleine, et se lit presque d’une seule traite !

D’abord, Mort aux cons offre une galerie de portraits savoureux où on retrouve des personnages de la vie quotidienne, tels qu’on les rencontre dans notre société : de la concierge au directeur de banque en passant par tout et n’importe quoi, on n’a pas le temps de s’ennuyer tant l’auteur nous fait virevolter de l’un à l’autre en passant assez vite sur chacun.

          Bien évidemment, Mort aux cons amène à une réflexion sur la connerie et les cons. Quelle grande question ! Si un tel parait con aux yeux de l’un, il est peut-être apprécié par un autre. Même le narrateur-tueur de cons peut trouver, au départ, une personne agréable – n’est-il pas resté marié à Christine pendant des années avant de la trouver conne ? – et finir par la tuer tant elle lui parait finalement conne. Avec une telle hécatombe, le roman amène le lecteur à la conclusion qu’on est tous des cons, y compris… toi, lecteur. Et toi, narrateur et écrivain, le pire des cons qui refuse de s’avouer qu’il est con et préfère se reconnaitre meurtrier !

          Par ailleurs, le roman amuse lorsqu’il aborde la relation du patient avec son psychanalyste…. Et offre au détour une sérieuse critique de la chose qui parait bien fumeuse, qui permet de dire et de croire tout et son contraire.

          Enfin, le roman amuse aussi dans sa tentative d’intellectualiser ce qui ne nait finalement que d’une pulsion primitive : être ennuyé par quelqu’un, le trouver con. Ici, on cherche à donner une définition à la fois philosophique et scientifique du con. Le con est celui qui m’ennuie, le con est celui qui se croit drôle et qui ne l’est pas, le con est celui qui donne des conseils à tout le monde, le con est celui qui pense égoïste, mais aussi celui qui est altruiste.    Bref, je reviens à ce que je disais plus haut : tout le monde est con.

          Alors que dire de moi qui ratiocine toutes les semaines sur ce blog, parfois sur de pauvres petits romans qui ne méritent même pas le détour d’une phrase, parfois sur des chefs d’œuvre, parfois sur ce que moi, je pense être un navet, mais qui n’en est pas pour un autre… Bref, considérons ce blog et son auteure comme un tissu de conneries issues de quelqu’un qui aurait, depuis longtemps, dû trouver la mort !



02/07/2023
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