LECTURES VAGABONDES

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Michèle Cotta et Robert Namias : Fake news/ Fake book

       

     Une fois n’est pas coutume, je me suis penchée sur un genre à la mode : le thriller politique. Ecrit par des journalistes français connus, Michèle Cotta et Robert Namias, ce roman intitulé Fake News et paru en 2019 aux éditions Robert Laffont, prend pour thème un fléau qui se répand comme une trainée de poudre à l’heure des réseaux sociaux et d’internet : la fausse information.

 

          Nous sommes en avril 2020 au palais de l’Elysée où rien ne va plus. Le président François Berlau – qui ressemble trait pour trait à Emmanuel Macron – est attaqué par les médias qui l’accusent d’avoir bénéficié du soutien de riches iraniens pour financer sa campagne présidentielle. Certes, le président se défend d’avoir jamais touché de l’argent des iraniens mais les preuves sont accablantes. Même son épouse, Claude, est soupçonneuse. L’affaire tombe mal car depuis un an, de sales affaires s’enchainent. Tout a commencé l’année d’avant avec l’assassinat du président du Sénat, René Charrié – qui ressemble à Gérard Larcher. Depuis, l’enquête piétine. Plus tard, c’est le célèbre journaliste Patrick Jouraud qui meurt dans un attentat revendiqué par un groupuscule inconnu jusqu’alors, le MAS. L’homme devait révéler des informations importantes et bouleversantes sur le président Berlau, révélations qu’il tenait de sa maîtresse, un américaine nommée Monica Byrnes ; elle travaille au cabinet d’un sénateur démocrate du Massachusetts. Malgré les remontrances du président Berlau, le ministre de l’intérieur, Etienne Bougival, n’arrive pas à faire avancer l’enquête. Il est tellement tendu qu’il mourra d’un AVC quelques heures après une entrevue mouvementée avec le président. Décidément, la mort plane sur ce gouvernement. Le nouveau ministre s’appelle Jean-Pierre Lallemand et réussit à avertir du fait que les journalistes détiennent une information explosive qui va éclater de manière imminente : le président détiendrait des comptes offshore ouverts au moment où il négociait avec les Iraniens le financement de sa campagne électorale. Incapable de faire face à de telles accusations et se déclarant innocent, le président démissionne et part avec sa femme et ses filles se reconstruire loin des tumultes élyséens. Le nouveau président est issu de la droite la plus dure ; il s’appelle Pierre Lassry. Il a l’intention de se rapprocher de l’extrême-droite. Par ailleurs, l’enquête sur le meurtre de Jouraud se poursuit : Marianne Maestracci  et Paul Grosjean découvrent des notes dans les affaires du défunt journaliste. A la lumière de ce qu’ils découvrent, ils sont désormais persuadés que c’est Berlau qui a commandité le meurtre de Jouraud pour le faire taire définitivement avant qu’il fasse éclater le scandale. Mais un scoop vient tout renverser. Depuis l’ambassade d’Islande à Londres, John MacGuire, un espion américain travaillant à la CIA, déclare que les documents qui incriminent Berlau sont des faux : lui-même, expert en informatique, a fabriqué de toutes pièces les extraits de comptes offshore et autres documents compromettants. Le commanditaire ? C’est le président des Etats-Unis, Peter Jackson, qui voue une haine carabinée à François Berlau qu’il trouve arrogant (ce président ressemble à Donald Trump). Les assassinats sont des dommages collatéraux. Désormais lavé de toutes ces infamies, Berlau décide de revenir au pouvoir.

 

          Avec Fake news, le duo Cotta-Namias propose un roman à clef. Ainsi, on reconnait sans peine, dans le personnage du président Berlau, notre actuel président Emmanuel Macron. De la même manière, le président américain Jackson nous fait penser à Donald Trump. Le principe est certes amusant, même s’il y a des clefs que je n’identifie pas. Plus on est au courant des intrigues politiques qui se trament dans notre actualité, plus on doit prendre plaisir à ce roman.

          Cependant, je le trouve l’ensemble quelque peu superficiel. Certes, les personnages sont inspirés d’êtres réels mais ils sont croqués en quelques traits suffisamment grossiers pour qu’on les reconnaisse et on s’en tient à l’idée communément reçue sur eux. Par exemple, Macron a la réputation d’être arrogant ; il pique des colères ; il est ambitieux. Eh bien, c’est ainsi que Fake news nous présente le président Berlau.

          Par ailleurs, le roman sert la soupe à Macron, puisqu’il montre, à travers Berlau, qu’il est intègre et qu’il est le seul homme politique capable d’être président en France. En effet, à gauche et à droite, c’est la bérézina. Et Pierre Lassry, son successeur pour un temps, issu de la droite dure, n’est pas à la hauteur. Et puis, on retrouve la détestation de Trump que tous les pays européens partagent.

          En outre, les événements sont aussi stéréotypés : ils sont composés de colères et d’inquiétudes liées à l’exercice du pouvoir et non au destin de la France. Ainsi, on assiste à des réunions de ce monde de l’entre-soi où se font et se défont les amitiés et les oppositions. Quant au monde des journalistes, il est fait de rivalités. Ici, le journaux France hebdo et l’Univers se tirent la bourre.

         Enfin, Fake news évoque un peu tout le monde sans que personne n’ait un grand rôle. Par exemple, on passe très vite sur les juges Bringuier et Maleterre parce qu’ils ne renvoient à aucun aspect de l’intrigue. Idem pour le sénateur qui remplace Charrié, Marc Rochelle. Georges Malingaud à l’extrême gauche est juste là pour faire penser à Mélenchon. Le roman pullule de noms et de fonctions qui ne sont là que pour donner l’illusion de l’envergure à un roman qui en manque singulièrement.

          Pour terminer, le roman Fake news propose une vision noire de la politique et du monde du pouvoir. Entre scandales, coups bas, financements occultes, meurtres, menaces de fake news, le monde tel qu’il est ici représenté est construit sur du mauvais. Le président des USA est à l’origine des fake news, lui qui les dénonce toujours. Il renverse le pouvoir d’un pays ami pour une question d’orgueil. « Tout ça pour ça » a-t-on envie de dire ! Horrible est la vision de Donald Trump et à travers lui, de tous ceux qui utilisent le pouvoir pour la satisfaction de leur ego alors qu’ils ont des responsabilités énormes sur leurs épaules.

          Par ailleurs, ce monde de la politique détruit toutes les relations normales. On ne peut avoir de vie de famille simple : le couple Berlau est en crise. Et attention à la santé et au surmenage ! Le ministre de l’intérieur, stressé, fait un AVC.

         Rien de bien réjouissant ! C’est pourquoi, ce genre d’ouvrage qui prétend dénoncer les vices du monde politique relaye bien l’idée du « tous pourris » et est à consommer avec modération.



11/03/2024
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